mercredi 17 septembre 2014

De la Floride au Lac Champlain

Nous avons quitté le Québec le 29 mars, dans des conditions hivernales, la voiture de location récupérée à l'aéroport de Burlington bien remplie de nos effets personnels (électroniques, vêtements d'été et d'hiver, au cas où...).  Après deux jours de route, nous arrivons à la Green Cove Springs Marina (GCS) heureux, mais aussi curieux et anxieux de voir dans quel état nous retrouverions Laissez-Aller.

Il faut croire que nous avions fait un bon travail "d'étéisation"... pas de moisissure, aucun insecte indésirable, ni infiltration d'eau, pas d'odeur suspecte, tout ce qui avait été emballé sous vide l'était encore.  Un nettoyage en profondeur était tout de même nécessaire.  Il faut dire que Laissez-Aller était entreposé dans une marina-cour de travail plutôt que dans une marina conventionnelle.

Nous considérons que la GCS Marina en Floride était un endroit adéquat et sécuritaire pour y entreposer notre voilier, puisque située sur la rivière St. John's, à 20 milles à l'intérieur des terres et, par conséquent, moins exposée aux ouragans et à l'air salin.  Au moment de notre séjour en avril, d'importants travaux d'amélioration étaient en cours à GCS.  C'est d'ailleurs suite à l'éviction de certains bateaux, que GCS a vécu un triste épisode l'hiver dernier au cours duquel des automobiles appartenant à des navigateurs ont été incendiées. Aux dires des habitués de cette marina, il s'agirait du seul incident majeur à s'être produit depuis une dizaine d'années. Merci en particulier à Crystal et ses acolytes pour leur aide. Nous souhaitons une bonne convalescence à Crystal et surtout beaucoup de courage dans son combat.

Dès notre arrivée, il fallait vite se faire un petit coin pour dormir en sortant à l'extérieur ce qu'on pouvait.  Pas trop non plus, afin que Justin, de Cooper Canevas - St. Augustine, puisse venir installer et faire les derniers ajustements des nouveaux dodger, extension et bimini.  WOW, ça faisait comme un gant, seuls quelques boutons-pressions ont eu besoin d'être ajustés, c'est tout.  Un travail de professionnel.

Les travaux de préparation et d'approvisionnement s'effectuent allègrement.  Il faut dire que la température est de notre côté.  Il a fait très chaud, jusqu'au moment de la mise à l'eau, le 16 avril, où là nous subissons le passage d'un front froid qui nous a forcés à demeurer à GCS jusqu'au 21 avril. Nous avons eu le plaisir de rencontrer et de tisser des liens avec des équipages de retour des mers du Sud et d'autres qui, comme nous, remontaient leur bateau vers le Nord.

Seule déception, nous n'avons pas été en mesure d'obtenir un cruising permit; nous avons dû remonter au Nord avec des permits to proceed à renouveler dans certains ports d'entrée où nous avions prévu arrêter à quai. Malheureusement, c'est difficile de s'y retrouver car les règles du permit to proceed varient d'un officier à l'autre!!!  Nous n'avions pas le choix, nous avons dû faire avec. Nous sommes d'ailleurs plusieurs navigateurs à nous retrouver dans cette situation.

Nous avions donc pris soin de faire une bonne planification de nos journées de navigation, avec des objectifs d'ancrage ambitieux et des alternatives.  Cet itinéraire nous a permis de nous ajuster au fil des navigations et de visualiser notre progression.

En rétrospective,
  • En Floride, nous nous sommes arrêtés à Sister Creek, un ancrage très tranquille bien qu'en bordure de l'Intracoastal (ICW),  situé immédiatement au Nord du pont à faire ouvrir à la jonction de l'ICW et de la rivière St. John's.  Brian et Jeannine du voilier Audrey-Ann nous avait signalé l'existence de quais gratuits, à l'opposé de cet ancrage.  Ça semblait très très bien, mais il était préférable d'y accéder à marée haute.
  • Le lendemain, nous nous sommes arrêtés à Cumberland Island, notre premier ancrage en Georgie; magnifique!  Nous avions les conditions météo parfaites pour y passer la nuit.  Nous avons eu le plaisir de croiser, tout au cours de notre remontée, plusieurs bateaux côtoyés à cet ancrage... nous qui pensions être peu à naviguer l'ICW!

    Nous avons eu le plaisir de découvrir de très beaux ancrages en Georgie dont Kilkenny Creek (pas de problème de profondeur, beaucoup d'espace et, en plus, à proximité d'une petite marina-resto où on pouvait s'approvisionner en eau et diesel) et Herb River. Nous tenions également à retourner à Frederica River où nous nous étions ancrés en 2012.

    Nous avons cependant connu une Georgie plus difficile à naviguer qu'à l'automne 2012 puisque les périodes de marée haute (il y a entre 7' à 9' de marée en Georgie!!!) coïncidaient moins avec les heures de navigation et aussi en raison des ensablements formés dans certains passages tels le "Hells Gate", la "Little Mud River" et le "Field Cut".  Nos cinq pieds de tirant d'eau jumelés à une planification soignée de nos navigations nous ont permis de nous en tirer sans problème. Nous avons été à même de constater que les représentants de Tow Boat US (un must d'y adhérer avant de partir) ont été très sollicités dans la région... et pas seulement par les voiliers.

    Quoiqu'on en dise, la Georgie est magnifique, en particulier au printemps.  Plusieurs espèces d'oiseaux et les dauphins adorent les grandes étendues d'eau et marécages tranquilles de la Georgie! C'est l'endroit idéal pour y avoir leurs bébés. 
  • Puis ce fut la Caroline du Sud qui, elle aussi, nous a offert des plans d'eau peu profonds, des passages "destinations-vacances" très achalandés, puisque prisés des plaisanciers américains, et des ancrages avec énormément de courant, lesquels nous préférions éviter (mission accomplie!).

    Nous avons découvert Beaufort, SC en nous arrêtant à la très sympathique et bien située Lady's Island Marina dans Factory Creek.  Ce fut notre coup de coeur "marina" du voyage. Lady's Island Marina est loin d'être une marina luxueuse mais elle est IMPECCABLE et son propriétaire, navigateur lui-même et très "customer oriented", en a fait une marina qui offre tout ce qu'on peut espérer lorsque l'on fait un arrêt en naviguant.  À un 1$/pied, c'est une vraie aubaine. Elle est à distance de marche de tous les services de qualité, en plus de se trouver dans une très très belle ville, à la fois historique et moderne!  D'ailleurs, durant notre séjour à Beaufort, SC on installait, à la marina située près du centre-ville, des boules de mouillage qui permettront aux navigateurs de passage de s'y attacher sans se soucier des forts courants et du manque de protection de cet ancrage.

    En repartant de Factory Creek, nous nous sommes arrêtés de nouveau à Steamboat Creek.  Puis, nous avons pu éviter les ancrages de Charleston et de Georgetown, en nous rendant respectivement aux ancrages de Dewee's Creek et Thorofare Creek, que nous avons bien appréciés pour l'espace et la protection offerts, mais surtout pour leur beauté.

    C'est en Caroline du Sud que nous avons subi l'invasion d'éphémères et de mouches à chevreuil... heureusement qu'aucune des deux espèces en présence ne piquaient mais, leur ténacité à se mettre à l'abri du vent dans notre cockpit et à nous tourner autour de la tête ont nécessité l'installation urgente des moustiquaires et leur extermination à la tapette à mouches! Plusieurs petits corps gisaient au sol... 
  • En repartant de Barefoot Landing, nous nous sommes rendus dans un temps record au mouillage de Carolina Beach en Caroline du Nord.  Nous avons eu le plaisir de naviguer la grande rivière Cape Fear tel que préconisé dans les guides nautiques et ça avançait vite grâce aux courants favorables. La route pour se rendre au mouillage de Carolina Beach depuis l'ICW est très bien balisée et il y a suffisamment d'eau (en passant, on peut toujours s'y ancrer).    Puis ce fut l'incontournable Mile Hammock... nous avons été obligés d'y passer deux nuits, puisque le Onslow Bridge a connu des ennuis mécaniques, l'empêchant d'ouvrir pendant plusieurs heures. De Mile Hammock, nous nous sommes rendus directement à Cedar Creek, au Nord de Beaufort, puis à Broad Creek et, finalement, ce fut un retour à Pungo River (où nous avions passé plusieurs jours durant le passage de l'ouragan Sandy).  Nous étions bien heureux d'y revenir surtout que cette fois-ci il faisait très beau et nous étions même plusieurs bateaux à y être ancrés.  Il ne faut pas hésiter à s'ancrer à Pungo River par vents du Sud, même si cet ancrage est surtout recommandé pour les vents Nord.  Nous y étions super bien protégés.
  • Virginie et Maryland - Cette fois-ci, nous avons décidé de passer par le Virginia Cut plutôt que par le Dismal Swamp Canal... notre premier ancrage fut Camden Bay; notre ancrage le plus décevant du voyage de retour, mais des plus heureux puisque c'est ici que Julie et Eugène d'Aloha Spirit nous ont rejoints.  Il était à peu près 20 h lorsque l'on entendit sur la radio Laissez-Aller, Laissez-Aller... c'était Julie, porte-parole du Aloha Spirit, qui nous appelait afin de savoir où nous étions ancrés.... ils avaient navigué plusieurs heures depuis Broad Creek pour nous rattraper; que d'énergie!  Il faut dire qu'ils sont bien entraînés puisqu'ils ont navigué sans relâche, en famille, depuis deux ans... du Lac Champlain à Grenade et les voilà sur la route du retour, pour entreprendre de nouvelles aventures.  De là, nous nous sommes rendus au Atlantic Yacht Bassin, juste avant l'écluse du Virginia Cut.  Nous y avons séjourné quelques journées, histoire de laisser passer un autre front avec orages et pluies diluviennes (jamais vu autant de pluie en si peu de temps!!!).  Nous repartions le dimanche 18 mai vers la baie de Chesapeake.  Les conditions étaient idéales : prévisions météo, pas de restrictions pour l'ouverture des ponts, moins de barges en circulation, moins d'achalandage dans l'écluse, etc. Cependant, lorsque nous sommes arrivés à la sortie de Norfolk, les vents du Nord et les vagues étaient beaucoup plus soutenus que ce qui était prévu... plusieurs équipages ont fait demi-tour.  Nous avons décidé de poursuivre malgré des rafales régulières à plus de 25 noeuds et de bonnes vagues rapprochées.  En se faisant brasser ainsi c'était le moyen idéal de remettre en marche notre knot meter qui était coincé depuis notre séjour à Lady's Island.  Mon capitaine a préféré continuer sa route que de retourner dans le giron militaire de Norfolk.  Nous nous sommes rendus comme prévu à Deltaville mais, cette fois-ci, à Fishing Bay dont le chenal est très bien balisé et où il n'y a aucun problème de profondeur.  Dommage, on n'y a passé qu'une nuit.

    Le lendemain, nous avons poursuivi notre route plus au Nord afin d'aller trouver refuge pour la nuit à Salomon's Islands... même ancrage qu'à l'automne 2012.  Puis, la journée suivante, malgré le fait qu'on annonçait la présence des Blue Angels dans la région d'Annapolis, nous avons continué notre route vers l'ancrage de Back Creek. Quelle arrivée, en pleine répétition des Blue Angels! C'est qu'ils font du bruit ces avions et leurs pilotes sont complètement fous (à mon avis). Nous sommes témoins d'acrobaties aériennes invraisemblables.  On peut comprendre pourquoi il y a autant de spectateurs à bord d'embarcations de plaisance ancrées ou en mouvement.  Mais pour nous qui arrivons dans ce brouhaha, c'est impressionnant et fou.  Les Blue Angels étaient de retour dans la région d'Annapolis après une absence de trois ans et ce, dans le cadre des festivités entourant la graduation des officiers de la marine.

    Nous réussissons à nous rendre à un mouillage à Back Creek (seul ancrage autorisé) que Julie et Eugène ont la gentillesse de réserver pour nous.  Nous y avons passé trois nuits et sommes repartis de là vers Chesapeake City.  Cette année les débris de bois nous ont causé plus de tracas que les "crab pot" dans la baie de Chesapeake... il faut dire que les pluies diluviennes des derniers jours jumelées aux vents soutenus du Nord durant toute notre remontée de la Baie de Chesapeake ont contribué à cette situation.
  • C&D Canal et Delaware  En entrant à l'ancrage de Chesapeake City, au début du C&D Canal, nous avons raclé le fonds... c'est qu'il faut vraiment longer le mur à notre bâbord. Comme nous repartions très tôt le lendemain matin, Alain et Eugène ont vérifié avec le sondeur à main (petit instrument bien utile) le tracé à emprunter pour sortir de l'ancrage et entrer dans le C&D Canal sans souci. Autant les vents du Nord ne nous ont pas été favorables durant toute notre remontée de la Chesapeake, autant ils ont contribué à notre descente rapide de la Delaware vers Cape May - un trajet sans histoire avec courants et vents favorables. Compte tenu des très belles conditions météo, nous aurions très bien pu contourner la pointe de Cape May moins au large (nous ne pouvons pas passer par le Canal intérieur puisque notre mât est trop haut), mais nous avions établi notre itinéraire de façon sécuritaire et avons continué notre route ainsi.
  • Cape May / Sandy Hook -   Bien que nous préconisions faire le trajet Cape May/Sandy Hook en deux étapes, les conditions météo favorables prévues pour le lendemain nous permettaient d'envisager sérieusement de faire le trajet Cape May/Sandy Hook en une seule étape.  Nous nous étions donc ancrés à Cape May, près de la base des Coast Guards, et le lendemain, à midi, nous repartions pour Sandy Hook, avec possibilité de s'arrêter à Atlantic City au besoin.

    Ce fut une très belle traversée d'une vingtaine d'heures avec des conditions idéales pour nous (beau vent du Sud-Ouest avec une longue houle de 4 pieds aux 8 secondes).  Nous avons navigué à environ 4 milles de la côte pour éviter les bouées de pêcheurs.  Nous avons pu éteindre le moteur une petite heure, et avons navigué à voile et moteur tout le trajet, puisque les vents étaient soit insuffisants ou soit trop à l'arrière.  Nous avons même dû nous ralentir pour pouvoir entrer dans le port de New-York de jour. Une fois entrés, nous nous sommes dirigés vers l'ancrage de Sandy Hook, qui fut lourdement endommagé suite au passage de l'ouragan Sandy.  Nous avons pu nous y reposer et faire le plein de diesel. Nous avions pensé passer au moins deux jours à Sandy Hook mais, comme on nous annonçait des vents forts du secteur Nord dans les jours à venir, le lendemain matin nous avons décidé de lever l'ancre pour traverser New York et nous diriger à l'ancrage de Nyack.
  • Rivière Hudson jusqu'à Catskill -  Traverser New York implique d'avoir des yeux tout le tour de la tête, deux paires ne sont pas de trop... cargos, barges, bateaux de tourisme gravitant autour de la statue de la Liberté, bateaux de tourisme "Shark",  traversiers haute vitesse, taxi-water, navires militaires, cargos, barges immobilisées, barges en mouvement, bateaux de plaisance... un chassé croisé incessant, quoi ! De plus, nous savions, en précipitant notre départ, que l'on devrait affronter le fort courant dans la rivière Hudson.  Mais bon, avec l'aide de notre génois, nous avons finalement rallié le bel ancrage du Nyack Beach State Park vers 18h30.   Nous étions loin de notre moyenne de 6 noeuds/heure!

    Ça demeure impressionnant d'arriver à New-York sur son propre bateau, de passer à proximité de la Statue de la Liberté, des gratte-ciels; on ressent sur l'eau tout la fébrilité new-yorkaise!

    Le lendemain matin, afin de se protéger des vents du Nord, une petite navigation d'à peine une heure nous conduira à l'ancrage de Georges Island dans Haverstraw Bay.  Un vrai bel ancrage comme nous les aimons, suffisamment d'eau, peu de courant, un beau parc aménagé pour aller se dégourdir les jambes et même y faire un pique-nique par beau temps.

    Le jeudi 29 mai, nous avons quitté Georges Island pour nous rendre au Marlboro Yacht Club... un arrêt sentimental auquel nous tenions, bien que ce ne soit pas un ancrage bucolique; en fait, c'est là où le train passe sans arrêt et "presque dans le voilier". Il faut l'expérimenter pour comprendre.  Nous avons toujours été très bien accueillis par les membres du Club.  Nous en avons profité pour préparer Laissez-Aller au démâtage prévu le samedi matin.  Éolienne et voiles sont retirées et remisées dans la cabine arrière.

    Finalement, nous sommes arrivés à la marina Hop-O-Nose, à Catskill le vendredi en après-midi, juste avant les orages prévus.  Le démâtage planifié pour le lendemain matin a dû être reporté au dimanche matin en raison de très forts vents.  À midi le dimanche, nous repartions pour l'ancrage de Houghlating Island. Nous avons préféré cet ancrage à celui de Cocksakie (2012); les navigateurs qui viennent s'y ancrer sont très respectueux des voiliers qui, comme nous, transportent leur mat à l'horizontal.  Nous y avons passé une belle nuit calme en compagnie des bernaches qui ont jacassé toute la nuit.
  • En route pour les écluses, lesquelles m'avaient laissé un goût amer en 2012...  J'avoue que cette fois-ci le passage des écluses s'est très bien déroulé car le positionnement de notre mât sur le pont était beaucoup plus équilibré.

    La première journée, nous avons traversés l'écluse fédérale de Troy ainsi que les écluses 1 et 2. Nous nous sommes arrêtés au quai municipal de Mechanicville, juste au Nord de l'écluse 3. Ce fut une belle découverte, nous qui avions peu d'attentes... des douches et toilettes neuves à quelques pas du bateau, eau, électricité, pump-out - gracieuseté de la ville - services à proximité (épicerie, liquor store, buanderie) et surtout, des gens très sympathiques et accueillants.  Nous y avons passé deux nuits. Deux autres voiliers canadiens s'y sont arrêtés la deuxième nuit.  Nous leur avons donné un coup de main à s'amarrer pendant l'orage.  Le lendemain, nous nous sommes rendus jusqu'à l'écluse 9 en leur compagnie. Nous avons décidé de coucher au mur SW de l'écluse 9 - une autre belle nuit calme.  Un autre bateau canadien s'y est arrêté et nous avons fait la balance des écluses avec eux.

    Nous avons pu apprécier la beauté du Canal Champlain et avons été à même de constater qu'il est très bien entretenu... plusieurs barges étaient à l'oeuvre pour des travaux de dragage. Malgré tout, nous avons très bien circulé puisque les éclusiers avaient prévenu les travailleurs de la présence de bateaux qui transitaient dans le secteur des travaux.
  • De retour au Lac Champlain - Une fois rendus au Sud du Lac, nous naviguions sur une mer d'huile et avancions à bonne vitesse.  Nous espérions rallier Cole Island pour la nuit. Soudainement, peu après avoir dépassé Fort Ticonderoga, de bonnes rafales de vents du Nord faisant lever la vague, nous ont forcés à réviser notre objectif.  En temps normal, ça n'aurait pas été incommodant mais, voyager avec un mât couché nécessite quelques précautions. Nous nous sommes donc protégés pour la nuit à l'ancrage de Chimney Point, du côté Vermont, juste à l'opposé du Monument.  Le lendemain matin, nous levions l'ancre à 7h30 direction Bluff Sud. Là encore, en fin de parcours, les vents ont monté. Il y avait bien quelques bateaux à l'ancre... c'est vendredi, il fait beau et c'est le début de la saison de voile sur le Lac.  Samedi matin 7h30, nous quittions Valcour et arrivions à Gilbert Brook à 10h00.  Une heure plus tard nos lignes de mouillage étaient installées et nous étions attachés à notre boule.

    Après ces deux années sur la route, à naviguer presque toujours à moteur ou voile et moteur, et à parcourir de longues distances, c'est fou comme l'Île Valcour nous paraît proche de Monty's Bay...

    Ce voyage à changé nos perspectives à bien des niveaux.
Nous invitons Pierre et Manon du voilier Astalia pour un 5 à 7 à bord de Laissez-Aller... Cependant, j'avais oublié que nous étions démâtés et que l'accès au cockpit nécessitait quelques contorsions. Finalement, nous avons célébré notre retour au Lac sur Astalia.  Piètre hôtesse direz-vous!!! En effet, ce n'était que partie remise pour un 5 à 7 sur Laissez-Aller.  Ce furent de belles retrouvailles sur l'eau avec Manon et Pierre que nous aimons beaucoup et avec qui il est toujours agréable de naviguer.

Dimanche matin, nous allons nous ancrer à Pelot's Bay devant la North Hero Marina où nous serons remâtés lundi matin.  Il y avait longtemps que nous n'étions pas venus ici.  Nous sommes allés rencontrer Jim, le proprio de la marina.  Comme convenu, dès 9h00 lundi matin, nous nous sommes amarrés au quai.  La position inhabituelle de notre mât sur le pont de Laissez-Aller préoccupe Jim qui élabore différents scénarios pour la remise en place sécuritaire de celui-ci.  Finalement, après avoir demandé à Alain de repositionner le voilier, nous avons eu droit à un remâtage conventionnel.  Nous en sommes heureux et rassurés.  Alain rebranche tout le filage et ajuste les haubans... moi je ramasse sangles, cordages, je nettoie un peu et nous filons vers notre mouillage à Gilbert Brook.  Il vente trop pour remettre voiles et éolienne.
Ainsi se termine notre voyage avec la satisfaction d'avoir ramené Laissez-Aller à bon port.  Notre voyage, quoique très différent de sa planification initiale, nous aura permis de faire de belles rencontres, d'acquérir énormément d'expérience et surtout de RÉALISER NOTRE RÊVE, tout en nous permettant de déterminer ce que nous voulions réellement pour être heureux à la retraite.

Nous savons que nous pouvons naviguer dans l'ICW et en mer mais, sur Laissez-Aller, nous sommes avant tout des marins d'eau douce.  Nous avons hâte de profiter pleinement de nos voiles sur notre très beau Lac Champlain, où la navigation est plus facile (car les profondeurs ne sont pas inquiétantes et la marée ainsi que les courants sont absents) et où il y a plusieurs ancrages pour s'abriter .

Notre dernière baignade au Lac remonte au 19 août 2012, nous avons bien hâte de renouer avec l'eau froide vivifiante du Lac.

Nous nous félicitons d'être partis avec l'équipement suivant qui nous a permis de naviguer en toute sécurité, tout en nous donnant beaucoup d'autonomie et de confort  :
  • Panneaux solaires, éolienne aérogen6, parc de 5 batteries performantes;  nous n'avons utilisé notre génératrice Honda 2000 qu'à deux reprises
  • Annexe AB à fonds rigide et moteur Yamaha 2 temps de 15 HP
  • Réfrigération et congélation 
  • Dessalinateur Spectra Ventura
  • GPS Raymarine pour la côte Est américaine et les Abacos et aussi, un must à notre avis, le Garmin pour les Bahamas ou tout autre GPS offrant des tracés Explorer
  • Radio-amateur et pactor
  • iPad avec GPS intégré et ses applications dédiées à la navigation - moi qui qualifiait ce cadeau de retraite de "jouet", je peux vous confirmer que nous l'avons utilisé pleinement (GPS d'appoint, marées, courants, communications) et l'aurions manqué. Pour avoir été à même de le constater, le produit Apple offre beaucoup plus d'avantages que les autres tablettes et une meilleure sensibilité pour capter Internet à distance, surtout aux Bahamas
  • Petit cellulaire à la carte, Tracfone, pour la côte Est américaine... peu dispendieux
  • "Hot spot Virgin Mobile" (a très bien fonctionné partout sur la côte Est américaine, sauf en Caroline du Nord, au nord de Beaufort et ce jusqu'à Pungo River, ainsi qu'au sud du Lac Champlain).  Peut fournir de l'internet jusqu'à quatre appareils, incluant le iPad.
  • Une panoplie de pièces de rechange pour faire face aux imprévus, en particulier aux Bahamas.  Nous avons été chanceux.  À deux occasions seulement nous avons dû faire face à des ennuis mécaniques mineurs qui ont pu rapidement être solutionnés.
Alain s'est avéré un capitaine consciencieux.  Il a méticuleusement pris soin de préparer toutes nos navigations et a entretenu méticuleusement notre voilier.  Pour ma part, je me suis chargée de l'organisation du voilier, de l'approvisionnement (technique et au quotidien), des repas et des communications. Bien que je ne serai jamais une grande "manuelle" et que je manquerai toujours de confiance en moi à cet égard, à nous deux nous formions une équipe qui se complétait à merveille.  J'ai compris que le fait de m'organiser (et forcer les autres à faire de même) me permettait de faire face à mon manque de dextérité manuelle.  Alain quant à lui se retourne sur un 10 sous... à nous deux, on se retournent sur un 25 sous !

Au risque de nous répéter, ce fut un voyage et une expérience de vie plus exigeants que prévu mais combien enrichissants.  Bref, la concrétisation d'un rêve!

Merci à plusieurs navigateurs qui nous ont aidés dans notre préparation, mais en particulier à Denis et Louise du voilier Prana.

Merci à toute l'équipe du Réseau du Capitaine pour leur soutien.  Un GRAND merci à Nycole qui a sû nous épauler à tous les niveaux, en tout temps.

Merci à nos familles et amis restés au Québec qui nous ont supportés et que nous sommes heureux d'avoir retrouvés.  Merci à Nathalie et Jacque qui ont été nos contacts réguliers avec le Québec et qui nous ont toujours appuyés et aidés à distance.

À vous tous nos amis qui nous avez ouvert votre coeur et offert votre hospitalité et votre aide en cette période d'itinérance, nous vous disons merci, merci, merci...!

Nos plus cordiales salutations à tous les navigateurs rencontrés en cours de route, avec qui nous avons partagé des moments mémorables et tissé des liens amicaux. L'intensité de la vie sur l'eau favorise des rapports amicaux qui prennent des années à se développer sur terre.  Nous avons eu le bonheur de côtoyer plus longuement : Johanne et Normand (Panache), Françoise et Pierre (Coulicou), Line et Michel (Sagwa), Sylvie et Jérome (My Passion), Soue et Jeff (Footloose), Julie, Eugène, Camille et Eugène (Aloha Spirit)

Quelques photos prises sur la route du retour vers le Lac Champlain.

Laissez-Aller à Green Cove Spring Marina - mai 2013
prête pour le "survey"

À l'ancrage de Cumberland Island, Georgie

Coucher de soleil à Cumberland Island
Ancrage de Kilkenny Creek en Georgie, à mi-marée

Ancrage de Kilkenny Creek en Georgie

Lady's Island Marina, SC


Resto sur le site de Lady's Island Marina

Laissez-Aller tout au bout du quai à Lady's Island Marina... à marée haute
Coucher de soleil en Caroline du Sud...
Au retour, nous n'avons connu que des nuits très calmes

Thorofare Creek en Caroline du Sud, à marée haute

Laissez-Aller à l'ancrage de Thorofare


Mouillage protégé et bien balisé de
Carolina Beach
Un accueil très cordial nous y attendait

Mouillage de Carolina Beach...
En compagnie de bateaux canadiens
et américains rencontrés à Cumberland Island et Lady's Island

Un autre beau coucher de soleil sur la route du retour

.... à l'ancrage de Sandy Hook


La Statue de la Liberté attire bien des regards

Quelle image significative

... nous l'avons vue longtemps la ville de New-York

La ville de New-York vue de notre cockpit
heureusement, que nous avons pu nous aider de nos voiles
pour palier au courant

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De beaux souvenirs...
Une belle plage dans un coin moins fréquenté des Bahamas,
Doublebreast Cay, Bahamas
Farniente par un bel après-midi d'avril 2013 avec nos amis
Doublebreast Cay, Bahamas


Ce que nous retenons surtout de notre voyage

De belles découvertes, surtout au niveau humain
Des paysages à couper le souffle
Aller au-delà des "quand dira-t-on" et des premières impressions
L'importance de concrétiser son rêve dans le respect de nos limites



Ce dernier article met fin à notre blog de voyage.  Nous avons bien profité de notre été... d'où le laxisme à publier ce dernier article.

Merci à nos lecteurs de nous avoir suivis!